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Jean-Pierre Rumen

Vit à Bastelicaccia

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Articles :

- Les Mâtinales Psychanalytiques

- La vie avec Lacan

- Co loco

- Poire secouée

- Jambon loué

 

Virginia Hasenbalg-Corabianu

"Sans être mathématicienne, l’auteure s’est donné comme objectif d’expliquer quelques notions de mathématiques aux psychanalystes en s’inspirant de la phrase de Joseph-Louis Lagrange : « Un mathématicien n’a pas parfaitement compris ses propres travaux tant qu’il ne les a pas clarifiés au point de pouvoir aller dans la rue les expliquer à la première personne venue ». Autant les mathématiques que la psychanalyse ont affaire à une combinatoire rigoureusement établie de lettres. Le mathématicien en remplit les tableaux noirs. L’analyste lui, déchiffre un autre tableau noir, celui de l’inconscient, où les lettres se manifestent à travers les équivoques et les lapsus du langage. Ainsi, ce déchiffrage qui est l’interprétation libère les « lettres en souffrance » qui insistent à être reconnues par des symptômes divers et variés. L’auteure aborde les drôles de maths que Lacan a laissés en invoquant quelques héros de cette histoire (de Cuse, Desargues, Frege, Cantor, Gödel…), histoire des mathématiques mais aussi histoire de leur effet sur la subjectivité du découvreur et parfois sur la subjectivité de leur temps." 

Virginia Hasenbalg-Corabianu est psychiatre, psychanalyste à Paris, membre de l’association lacanienne internationale (ALI) où elle est responsable des Mathinées lacaniennes. Elle est l’auteur de « De Pythagore à Lacan, une histoire non officielle des mathématiques » Eres 2016 197 pages.

Elle nous dit que son petit livre (petit par la taille, mais grand par la qualité) est né de la question d’une amie : 

« Virginia qu’est-ce qu’un nombre réel ? » et Virginia qui n’est pas née de la dernière pluie confie qu’elle avait perçu une question latente : 

« Pourquoi Lacan se sert-il des nombres réels pour parler des femmes ? »

Ceci m’a mis en alerte : et si on allait savoir enfin ce que veut une femme, « Was will ein weib » question de Freud, qu’il laisse sans réponse.

Je me doutais bien que j’allais me heurter à ma « passion de l’ignorance », comme s’exprime Lacan, puisque ma difficulté avec les mathématiques consiste à oublier les définitions d’un instant à l’autre et donc de ne pouvoir « suivre » sans peine. Or la taille de ce petit bouquin permet de revenir aisément en arrière, mais ce n’est pas sûr que ça suffise pour vaincre définitivement  la passion…

On sait (ou on aurait du savoir) que les nombres irrationnels sont ceux qui ne peuvent pas s’exprimer par une fraction, par exemple 𝝿 ou √2 c’est à dire le quotient de la circonférence d’un cercle par son diamètre ou la longueur de la diagonale d’un carré. On dit que Pythagore  détestait ces nombres tout comme Kronecker, le Maître de Cantor….

On les rencontre pourtant constamment ces nombres, et Lacan considérant les travaux Cantor, y a logé le Réel comme ce reste impossible à symboliser (le calcul ne peut y parvenir, ne peut en venir au bout). Ce qui démontre l’impossibilité d’un savoir absolu et contredit absolument la Foi en une Science qui demain résoudra tout.

C’est ce reste impossible à symboliser que « les femmes sont invités à représenter (si elle se souhaitent) » dit Virginia.

Ceci illustre plaisir une des merveilles que recèle ce livre qui invite à poursuivre, y compris sur le mode de la rêverie ; par exemple : ce réel n’est-il pas en rapport avec cette jouissance autre (indicible) spécifique de la sexuation féminine ?

Cette échappement à la « norme mâle » ( la normale) est bien au centre de notre social et des efforts parfois sanglants faits pour que chacun s’y conforme ?

Le lecteur, outre cette incitation à penser, trouvera dans cet écrit, s’il est dans l’état où j’étais lorsque je l’ai pris, de quoi réduire son ignorance  une fois sa lecture accomplie.

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